Publié le 13 octobre 2016.
Les forêts domaniales d’Ile-de-France (forêts publiques) représentent 72 500ha, soit :
50 massifs prestigieux d’histoire, 6% de la surface de la région Ile-de-France. Elles accueillent 80 millions de visiteurs par an et sont véritablement le « poumon » de 13 millions de franciliens.
Ces forêts sont gérées par l’ONF (Office National des Forêts), établissement public à caractère industriel et commercial créé en 1964.
Jusqu’aux années 2000, elles ont été respectées et exploitées modérément. Elles possèdent encore un certain nombre de vieux arbres et des caractères exceptionnels.
Récemment, suite aux différents Grenelle de l’environnement, l’ONF pressé par l‘état de produire de plus en plus de bois face aux enjeux énergétiques et environnementaux, prévoit de récolter 21 millions de m3 de bois supplémentaire d’ici 2020.
Ces nouveaux plans de gestion 2010 -2024, mis en place et validés au fur et à mesure par les communes concernées sans aucune concertation avec les citoyens, montent en puissance et se heurtent à l’incompréhension et l’inquiétude d’un public révolté d’assister à des coupes de plus en plus importantes.
La transformation du paysage de ces forêts périurbaines, dont le rôle premier est une fonction sociale et patrimoniale, est alarmante. En conséquence, l’offre diversifiée d’espaces naturels et de loisirs, la protection des ressources en eau et la réduction des risques d’inondation, ainsi que la préservation de la biodiversité et l’épuration de l’air (fixation du carbone de l’air) que représentaient nos forêts périurbaines vont changer.
Les citadins d’Ile-de-France se sont approprié ces forêts souvent proches de chez eux de façon vitale. La contradiction est que cette forêt est façonnée aussi par l’homme et au fil du temps par une sylviculture «adaptée» à un contexte économique.
Nous rappelons que l’ONF reste un établissement public à caractère commercial et qu’il adapte sa gestion à l’objectif de son cahier des charges d’établissement public : objectif actuel de rentabilité. Cet objectif de rentabilité est imposé par l’état.
Aujourd’hui, l’ONF face à ces 80 millions de visiteurs annuels trouve des mots pour calmer ce public attentif à son environnement comme par exemple : « gestion durable et multifonctionnelle de nos forêts », « préservation de la biodiversité », « soins accordés aux chantiers d’exploitation, « communication vers le public », « prélèvements raisonnés et accords avec les Communes », ou encore « produire plus de bois tout en préservant la biodiversité, offrir une forêt accueillante ».
La situation néanmoins n’est plus tenable car de plus en plus nous assistons dans nos forêts (Meudon, Fausses Reposes, la Malmaison, Saint Germain, Montmorency etc…) à des coupes de plus en plus sévères, parfois à blanc ! Pratiquement tous les gros chênes et châtaigniers (les vétérans de nos forêts) seront coupés !
Quelles sont les solutions ?
Moratoire immédiat des plans de gestion.
Reconnaissance de la forêt périurbaine par un statut juridique (espaces naturels ou parc régional forestier).
MODIFICATION DU CODE FORESTIER PAR LA LOI.
Arrêt des coupes rases (sauf pour les petites surfaces).
Mettre en place la gestion en irrégulier dans un maximum de parcelles tout en maintenant un milieu ouvert favorable à la biodiversité et au paysage.
Repenser à la sylviculture de taillis sous futaie (diversification des essences).
Favoriser le gros bois de qualité vieux arbres.
Bio diversité : laisser au moins 40% de bois au sol.
Limiter la mécanisation.
Revalorisation du travail en forêt.
Création dans chaque massif des réserves biologiques et zones de vieux arbres.
Reconnaissance de l’ONF comme gestionnaire d’espace naturel à part entière. L’ONF sera donc expressément habilité à gérer et à exploiter ces forêts de façon spécifique à travers une nouvelle gouvernance.
Classer en forêt de protection l’ensemble de ces forêts
Etablir à long terme une stratégie spécifique de gestion durable de ces forêts afin d’augmenter le stock de carbone.
La reconnaissance comme puits de carbone de nos forêts péri-urbaines.
Pour l’UAV, L.V.
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